livres à lire pendant les vacances

7 livres à lire pendant les vacances d’été

Il fait déjà très chaud en ce mois de juillet et on ne cherche plus qu’une chose : se rafraichir. Donc plonger dans la piscine 50 fois de suite, passer la journée dans un bain froid, se faire du vent avec un éventail, siroter une boisson fraîche… Peu de place pour le livre dans ce programme. Et pourtant, il est un compagnon bienvenu à l’ombre, ne demandant aucun effort physique, et qui nous distrait aisément de la chaleur grâce à toute l’imagination qu’il renferme. Voici une petite sélection de sept livres pour accompagner vos vacances d’été.

Rendez-vous à Positano, de Goliarda Sapienza

« Il y a dans son regard couleur de miel des feuilles d’or de gaieté ». Erica Beneventano est de ces êtres que l’on aimerait avoir l’honneur de connaître. Parfois sans que l’on sache vraiment pourquoi. À la fin des années 40, à Positano pour des repérages liés au tournage d’un film, Goliarda Sapienza l’aperçoit pour la première fois, beauté fascinante. On l’appelle « la princesse ». Elle ne la revoit que quelques années plus tard et par un heureux hasard, celle-ci l’invite à boire le thé chez elle. Née alors une amitié touchante dont l’écrivaine se souvient magnifiquement.

Les deux femmes se racontent l’une à l’autre mais c’est surtout du récit de la vie d’Erica – qui pourrait être un conte – dont se nourrit ce Rendez-vous. Celui d’une femme issue d’une riche famille, entourée par ses parents et ses soeurs, avant la mort du père, les dettes, la déchéance. Lors d’une « nuit d’ivresse de confessions, de silences et de parfums », nous saurons tout de la belle, avant que la relation entre les deux femmes ne dessine la suite. N’en disons pas plus. Simplement que le texte ne serait pas sans l’âme, l’atmosphère sensiblement décrite de ce petit monde qu’est Positano, ses plages isolées, ses orages, ses habitants. Avant qu’une route ne soit élargie et qu’un flux incontrôlable de touristes ne brise le calme ancestral. Comme une amitié qu’on n’aurait pas pu préserver du reste du monde ? Goliarda Sapienza fut d’abord comédienne mais semble toujours avoir été une grande écrivaine.

Le Tripode – Météores (poche), traduction Nathalie Castagné, 2018, 240 p., 11€

L’Agrume, de Valérie Mréjen

Valérie Mjéren raconte l’histoire d’un amour compliqué : la narratrice (elle-même ?) est amoureuse de Bruno, déjà en couple au moment de leur rencontre, homme étrange qui se surnomme l’Agrume. Elle nous décrit toutes ses habitudes, ses lubies et ses goûts pour le moins particuliers. Elle nous fait part de ses empêchements farfelus, de ses retards douteux quand elle ne passe pas des semaines sans le voir, ni avoir de nouvelles (les portables et réseaux sociaux n’existaient pas encore). Et malgré le déséquilibre de leur relation, elle ne veut pas s’en détacher et se satisfait des dessins qu’il lui offre pour lui faire passer des messages.

Ce court texte édité en 2001 est un bijou de fantaisie et de naïveté qui évoque les amours aveugles et décousus. Les paragraphes sont de pures friandises. Teintés d’une certaine joie, ils offrent l’objectivité anecdotique. Un choix stylistique qui permet finalement à l’auteure de transmettre davantage en nous laissant nos propres mots pour le dire (Quitte-le !).

Allia, réédition 2018, 80 p., 6,20€

Newjack, de Ted Conover

Au plus fort de notre liberté cet été, il faudra savourer plus intensément le soleil sur notre peau à mesure que l’on avancera dans notre lecture du Newjack de Ted Conover. Le journaliste américain qui pratique le reportage d’infiltration à merveille, nous guide dans les couloirs de Sing Sing, prison de l’État de New York qui compte près de 2 400 détenus pour plus de 700 gardiens.

Là où personne ne veut travailler et où se retrouvent toutes les nouvelles recrues, « un univers d’adrénaline et d’agressivité (…) une expérience de peur permanente ». Il a fallu qu’il devienne gardien lui-même pour la vivre. Mais avant d’en arriver là, Ted Conover est passé par diverses étapes, commençant d’abord par mûrir l’envie de pénétrer un espace interdit aux journalistes et d’entendre la voix des agents correctionnels en première ligne d’une politique carcérale qui maintient près d’un quart de la population américaine derrière les barreaux. Une envie sans laquelle il n’aurait pas tenu sept semaines d’une formation quasi militaire, pas su gérer le stress et l’effroi des premiers jours de stage, pour finalement évoluer au plus proche de ceux qui portent les clefs.

Une lecture passionnante et saisissante qu’accompagne un style fluide et la vision personnelle d’un auteur intrépide.

Editions du Sous-Sol, traduction Anatole Pons, 2018, 464 p., 23€

L’écume des voyages, de Vincent Jacq

Une écriture poétique et sensible, de beaux mots pour dire les voyages, la fièvre des départs, les épreuves, la nostalgie et pour évoquer ce qui pousse à se mettre en route, à abandonner un temps « la vie ordinaire ». Avec Odeur d’encre, odeurs d’îles, Vincent Jacq rassemble des anecdotes lointaines évoquant de grands voyageurs et leurs observations, Humboldt, Marco Polo, Montaigne, le naufragé Alexandre Selkirk qui inspira Robinson. Il nous emmène au Japon, en Europe, sur les terres du Nouveau Monde et porte notre attention sur les insectes, les langues, les cannibales, les femmes, les mets d’ailleurs (« Pour connaître une ville, il faut commencer par les marchés »).

Autant d’images qui invitent à penser la découverte, les lieux, à ressentir les voyages. Suivent les nuits bouillonnantes de Lisbonne où se dessinent les silhouettes et les rues, avant les images contemplées à Rabat qu’accompagne une réflexion sur le moyen de les décrire. Pour prolonger l’émotion, continuer d’entendre les sons, de sentir la pluie, de voir la lumière. Il faut bien de ces lectures ravissantes pour que la littérature puisse être ce qu’elle est, une promesse d’évasion et de lâcher-prise, une antre pour les lignes qui font le tour du monde.

La Nouvelle Escampette, 2016, 212 p., 16€

Brûle, sorcière, brûle !, d’Abraham Merritt

New York, 1930. Un médecin neurologue, Lowell, revient sur la mort mystérieuse de plusieurs personnes que rien ne rapproche, si ce n’est leur affection pour les enfants. Tout commence un soir, lorsque Julian Riconi, chef notoire de la pègre, sollicite l’aide du docteur pour soigner Peters, ami fidèle frappé par un mal inexplicable. Son visage marqué par une expression d’horreur, ses yeux offrant « une vision de cauchemar » qui devient rapidement regard malin, démoniaque. Et pourtant, aucun signe de maladie, aucune marque… De quoi attiser la curiosité de Lowell qui, assisté d’un collègue médecin, de Riconi et du garde du corps McCann, va baliser l’enquête. Mais comment croire encore en la rationalité scientifique lorsque les faits deviennent de plus en plus incroyables, touchant à la superstition et à l’occulte, rassemblant sorcière et poupées « vivantes »…

Journaliste, écrivain de science-fiction puis de fantastique, explorateur passionné, Abraham Merritt voit paraître Brûle, sorcière, brûle ! en 1932. Ce récit aux allures de roman policier nous guide dans les petites rues sombres de New York, dont la modernité n’efface pas l’ancestrale magie noire. Une lecture excitante et parfaite pour frissonner au soleil.

L’Éveilleur (le Festin), traduction Georges H. Gallet, 2018, 250 p., 17€

La fin du monde est plus compliqué que prévu, de Franck Thomas

La destruction de la planète est prévue pour la fin de la semaine. Aux manettes, Kim Jon-Hee, 13 ans, fils du chef suprême de Corée du Nord décédé, qui a disposé 500 bombes nucléaires miniatures partout dans le monde. En Bretagne, loin des affolements dispersés des représentants des pays de l’ONU, Sylvestre, traducteur asocial qui n’a de passion que pour le modélisme, rêve d’un nouveau départ post-fin du monde à l’image du petit qu’il manipule chez lui. C’était sans compter les perturbations, les dérangements incessants qui versent dans le comique de situation. Comme Clarice, la nouvelle lieutenant, Patrick Grosjean, représentant français au Sommet pour l’environnement et les autres personnages loufoques qui peuplent ce roman, Sylvestre se heurte à l’impossibilité de contrôler tout à fait sa vie et à la difficulté de communiquer avec autrui.

Le premier roman de Franck Thomas n’est pas de tout repos. La folie, l’absurdité, l’incroyable qu’il a dilués dans ses lignes nous assaillent de toutes parts et l’on se sent comme tiré vers le haut, invité à rejoindre un narrateur qui ne se prive pas d’intervenir, à contempler l’air rieur, ces êtres qui se débattent dans une existence en sursis. Rares sont les romans de ce genre. On peut en saluer 500 fois l’inventivité et le rythme frénétique et adhérer au compliqué, élevé comme un art.

Aux forges de Vulcain, 2018, 448 p., 18€

Dernier été pour Lisa, de Valentin Musso

Le dernier roman de Valentin Musso dresse son récit dans une petite ville du Wisconsin, près du lac Michigan. C’est là que Nick Altman, le narrateur, écrivain installé à New York, a grandi, et là où il doit retourner pour enterrer son père. Mais revenir sur le lieu de l’enfance est rarement de tout repos, surtout lorsque s’y est passé un drame dont il n’a pu se détacher : le meurtre de sa meilleure amie, Lisa, il y a douze ans, pour lequel Ethan (meilleur ami et petit ami) fut condamné. À tort ? Alors que Nick débarque à Black Oak, Ethan est justement libéré mais n’est pas à l’abri d’un nouveau procès. Rongé par la culpabilité de n’avoir jamais aidé son ami, Nick décide de mener l’enquête entraîné par Alister Brandeau, auteur féru d’erreurs judiciaires.

Malgré des situations un peu attendues et quelques clichés, Dernier été pour Lisa n’en reste pas moins un agréable thriller, bien construit, soutenu par un personnage principal nourri de paradoxes, que l’on accompagne sans se faire prier jusqu’à la fin. Une fin surprenante évidemment !

Seuil, 2018, 400 p., 19,90€

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