7 revues à magazines à lire pendant les vacances

7 revues à magazines à lire pendant les vacances

Cet été, on investit les transats une revue devant les yeux. On mise sur des textes imagés, entre photographies et illustrations, sur des histoires bien réelles ou fictionnelles, sur des rencontres du bout du monde. On se permet d’être étonné, de s’informer autrement, loin des flux d’actualité en continu, on prend le temps de penser.

XXI

Si vous ne connaissez pas encore la revue XXI, bon, il était temps ! Voilà 10 ans que l’équipe de ce mook valorise le reportage au long cours, l’enquête, l’illustration et le récit graphique. Elle n’hésite pas non plus à parcourir le monde et à aborder des sujets que d’autres préfèreraient taire, construisant une aventure pleinement journalistique. Une édition Été qui marque un anniversaire donc.

Les sujets et la plume des journalistes rassemblés en ses pages l’honorent comme il se doit. Ils auront terminé leurs articles d’autant plus courageusement que la revue s’est fait une frayeur avec Ebdo, une perte financière et un sauvetage. Ce n°43 est le premier à investir une nouvelle maison, accueilli par La Revue dessinée et les éditions du Seuil. Et quel numéro ! Son dossier : « Irak, confidentiel », que compose un récit captivant à deux voix. Emmanuel Carrère et Lucas Menget nous racontent leur voyage à Bagdad à la recherche du Coran que le dictateur Saddam Hussein aurait fait écrire avec son propre sang, « dernière folie » d’un dirigeant que certains regrettent tant le pays reste instable, et maintenant marqué par son combat contre Daech.

Justement, Célia Mercier s’est, elle, rendue à Mossoul à la rencontre des policiers irakiens qui traquent les djihadistes en fuite. Une terrible photographie aux contrastes noircis par la méfiance et la ruine. Suit un reportage sensible et franc : enfermement, violence, sédation irraisonnée, notre regard se porte sur Didier, « patient » de l’hôpital psychatrique de Saint-Égrève au nord de Grenoble et entrevoit les traitements inhumains subis par certains autistes dont la prise en charge est plus qu’inadaptée. Puis direction la Turquie avec les soi-disant ennemis d’État d’Erdogan, le Mali pour une enquête sur le président Boubacar Keïta, et Marseille, dessinée, où l’on ne sait plus si l’on peut boire au robinet… On vous laisse le soin de découvrir les autres sujets par vous-même. Vite, vite !

America

Voici un numéro essentiel qu’il faut assurément se procurer. « Nous pensions tous que le monde décrit dans Garp deviendrait obsolète (…) ce n’est pas le cas ». America n°6 s’ouvre sur un grand entretien avec John Irving, écrivain critique, talentueux, attentif, qui marque les 40 ans de l’immense Monde selon Garp. Mais les pages qui suivent sont toutes martelées du poing des femmes « qui défient Trump ». Ladies First titre America cet été. Lors d’un séjour aux États-Unis, Leïla Slimani a rencontré étudiants, écrivains, professeurs ; elle revient sur le mouvement #MeToo qui tend à affaiblir l’aveuglement de la société américaine.

À lire également, une enquête bien menée sur les femmes lancées massivement en politique depuis 2016. Elles pourraient être nombreuses à compter parmi les nouvelles représentantes du Congrès américain ! Il fallait bien leur donner un visage : Julien Bisson et Pénélope Bagieu dressent le portrait de Culottées américaines, parmi lesquelles Nelly Bly, Amelia Earhart, Oprah Winfrey… Et une voix : huit femmes romancières livrent leurs paroles fortes, encourageantes et nuancées, leur point de vue sur la condition féminine (Toni Morrison, Rachel Kushner, Siri Hustvedt…).

Sans manquer un reportage effrayant sur les organisations anti-avortement qui se battent contre un droit national établi en 1973 et trouvent une énergie nouvelle avec les positions de Donald Trump. Et surtout, une nouvelle de Kristen Roupenian publiée dans le New Yorker, d’un surprenant réalisme, criante de justesse, qui complexifie la réflexion sur le consentement et nous laisse béat.

Carbone

Après un premier numéro « Cartes aux trésors », Carbone nous offre généreusement plus de 250 pages sur les « Maisons hantées ». Généreusement, oui, car la folle équipe de cette revue trimestrielle (qui se veut en plus « transmedia », sur le web et sur appli) ne connaît pas le syndrome de la page blanche. Articles bien illustrés, nouvelles et bandes dessinées, chroniques et points de vue. Les maisons hantées sont explorées avec sérieux et intelligence de la cave au grenier. Pas intéressés plus que ça ? Hmm, vous pourriez être surpris. Diverses thématiques et divers arts se croisent. Carbone nous parle cinéma, littérature, dessin, jeu video, célébrant cette culture pop qui n’a pas peur d’aborder des sujets de société. Et prend son temps.

Notre lecture commence avec un état des lieux des plus éclairants, les origines de la maison hantée et d’un spiritisme que l’on doit aux soeurs Fox. Nous voilà prêts pour un tour en train fantôme lors duquel on rencontre les corps hantés du dessinateur Richard Corben, les fantômes de Mario, les visages ensanglantés de « l’affaire d’Amityville », l’air triste du personnage de la jeune fille errante, l’oeuvre de Kazuo Umezo, maître du manga d’horreur… Qu’on se rassure, personne n’est là pour vous faire peur.

Le voyage se termine sur une partie Vestiges qui amène à penser la maison hantée au regard des drames humains, comme si les monstres que l’on se crée n’étaient que l’incarnation de tourments sociétaux, d’une histoire qu’il faut bien exorciser : exemples aux États-Unis, en ex-URSS et à Kyoto, au Japon.

En guise de conclusion, « Restez curieux ». On n’y manquera pas : un hors-série arrive fin août avant un numéro 3 furieusement féminin consacré aux amazones.

Feuilleton

S’il en est une dont on ne pourrait se passer… Un condensé de creative nonfiction qui réunit reportages, enquêtes, portraits, nouvelles d’auteurs et de journalistes étrangers. Des textes traduits avec soin et illustrés, que vous n’auriez peut-être jamais pu lire sans Feuilleton, créée en 2011 et qui s’apprête après ce numéro 22 à se présenter dans une « toute nouvelle formule ».

En attendant, savourons cette livraison printemps-été qui s’est choisi des récits étonnants. Une enquête passionnante sur un mystérieux manuscrit – à l’authenticité en question – d’un survivant Hongrois de l’Holocauste, retrouvé en 2006. Le journaliste Matthew Fishbane rappelle le manque de détails, d’histoires pour dire le destin funeste des juifs de Hongrie et s’attarde sur l’essence de la culpabilité de ceux qui ont survécu à la folie hitlérienne.

David Grann, auteur de La Note américaine, nous guide, lui, dans les rues de Youngstown, Ohio, que parcourait le FBI dans les années 90, tentant de mettre fin à des décennies de domination mafieuse. Un réseau qui impliquait un élu du Congrès américain qui, malgré sa culpabilité évidente, parvint à demeurer extrêmement populaire.

On suit également Nina Simone au Libéria. 1974, parmi les années glorieuses du pays, la chanteuse a 41 ans et s’apprête à passer trois ans aux côtés de la bonne société de Monrovia, là même où elle eut le sentiment d’avoir trouver un foyer. Une histoire sensible.

Une fois que l’on a tout englouti, reste un numéro qui réveille encore une fois notre imagination sommée de se confronter à l’incroyable du réel, parcourant la Hongrie, les États-Unis, le Libéria, la Zambie. Feuilleton, revue reine !

Regain

Un Journal de campagne qui « célèbre le progrès agricole, la nouvelle génération paysanne, les métiers de la ferme, la vie animale, les balades en campagne et les feux de cheminée. » Regain, premier numéro, chapeau ! Un magazine de saison qui ne met pas tant en avant les initiatives citadines écologiques – dont on entend beaucoup parler – que la rencontre avec les gens qui vivent entourés de nature.

Focus sur un village, sur un marché, sur les projets porteurs de sens ; portraits d’une génération d’écologistes à l’origine de démarches simples, dédiées, dont il faut s’inspirer. Du reportage aussi – celui, rafraîchissant écrit aux côtés de Mélodie, 29 ans, devenue bergère en plaine de Crau. De l’immersion, et beaucoup de témoignages d’expérience au sein de papiers fournis – ici sur les pratiques agricoles, ou la dégradation des sols, évoquée à travers la bataille de Lydia et Claude Bourguignon.

Regain retourne la terre et plante des petites graines à chaque page, trouvant même le temps de nous emmener dans les jardins de la Villa Médicis et à San Francisco. Éclairages, conseils de lecture, recettes, et même un très craquant « Carnet pratique » pour s’occuper comme il se doit de vos légumes, fruits, fleurs d’été.

En plus, très peu de publicité (sinon « bio ») et beaucoup de jolies et naturelles photographies. Un peu de verdure dans nos kiosques, ça ne fait vraiment pas de mal et ça éclaircit les esprits trop éloignés du fameux bol d’air frais. Vivement l’automne !

Fisheye

Un numéro Été avec en couverture une photographie d’Anastasia Samoylova, artiste d’origine russe passionnée par l’âme des images. Un Fisheye en bleu et rouge, aquatique et gustavif, qui fête 5 ans de regards sur la photographie – plus de 2 000 photographes publiés. Peut-être est-ce l’occasion de dire que ce n’est pas un magazine pour spécialistes, pas plus qu’un magazine s’adressant seulement aux passionnés. Fisheye, ouvert à tous, est ce qu’il est grâce à sa simplicité et parce qu’il est avenant. Fidèle aussi, consacrant à nouveau un dossier aux Rencontres d’Arles, événement fameux étendus sur deux mois dont l’édition 2018 s’avère particulièrement attirante. Que vous y soyez ou non, que vous prévoyez d’y faire un tour ou non – quoique Fisheye finisse par nous convaincre qu’il faut y aller, évidemment – on se satisfait pleinement de ce parcours bien calibré, des « voyages dans l’ailleurs » au « voyages intimes ». Taysir Batniji, Robert Frank, Véronique Ellena, Jonas Bendiksen, Jane Evelyn Atwood et Joan Colom sont parmi les artistes mis en avant dans ces pages.

Mais il n’y a pas qu’Arles dans l’objectif alors on poursuit notre découverte en s’intéressant à « la schizophrénie en images », au « rêve bleu » d’Andrea et Magda qui capturent la Palestine rêvant à ses futures infrastructures, à l’image textuelle de Christophe Calais, directeur éditorial à Magnum, au portrait de Raphaëlle Stopin et à une sensibilité de choix avec un texte sur l’afrocyberféminisme et un portfolio sur un voyage ghanéen. Un tour du monde entre les mains !

Opium philosophie

« Nous militons pour que s’épanouisse une réfléxion sur le contemporain en nous situant à l’intersection de plusieurs domaines – sciences, art, philosophie – par lesquels se conçoit l’organisation de nos sociétés. » Créée en 2011, Opium Philosophie est une revue annuelle pensée, à l’origine, par des étudiants de la Sorbonne et de Science Po, aujourd’hui ouverte à tous. Chacun peut en effet s’exprimer sur une thématique validée pour le numéro à venir, envoyer son texte et le voir sélectionner pour figurer dans les pages d’Opium.

Pour 2018, c’est la nuit qui occupera nos pensées philosophiques. Selon une approche complète, des idées premières à sa définition, des questionnements qu’elle cache aux sujets qu’elle impose à l’esprit de certains, la nuit se dévoile au gré d’articles, d’entretiens, d’illustrations d’une grande qualité. Elle fait naître le dialogue : lisez un entretien de Michaël Foessel, philosophe et professeur à l’École polytechnique, qui la voit comme une expérience, et celui accordé par Johann Zarca, auteur de Paname Underground. Lisez encore une convocation de la pensée de Bataille autour de l’érotisme, une mise en avant des travaux de l’existentialiste Louis Lavelle.

Tous ces noms ne vous disent rien ? Pas grave ! La nuit d’Opium n’a pas vocation à obscurcir votre regard, au contraire, puisse-t-elle vous éclairez. Sommeil, peur, ivresse… Les prismes sont divers. On aime cette nuit, espace de sentiments et de sensations à investir par tous les moyens pour exprimer sa liberté, avant que le contrôle politique ne soit trop imposant.

Loin d’une démonstration purement rationnelle, ce numéro d’Opium laisse pleinement s’exprimer l’imagination, l’intime, le subjectif. Le projet qui puise aussi son énergie en organisant des projections-débats, des conférences ou des performances, est indéniablement à saluer tant il veut apporter et partager, avec curiosité, sans prétention ni élitisme.

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