5 livres à emporter en vacances

5 livres à emporter en vacances

Hollywood ne répond plus

  • Olivier Rajchman BakerStreet
  • 413 pages, 21 €
  • « Si son nez eût été plus court »… (BlaLivre citaal) 

La destruction de décors coûteux, la maladie d’Elisabeth Taylor, les millions dilapidés… En 1960, la production catastrophique et délirante du péplum Cléopâtre de Joseph Mankiewicz a bâti la légende folle de Hollywood. C’est cette période cruciale que raconte Olivier Rajchman, entre la montée de la télévision, le déclin des producteurs et l’arrivée des indépendants. Les nababs lancent leurs ultimes feux. Plus qu’un simple livre d’histoire, l’auteur nous plonge dans un roman d’aventures écrit avec élan et finesse. Il fait le portrait de deux personnages fascinants, Walter Wanger, le producteur de Cléopâtre, et Darryl Zanuck, celui d’un autre monument, Le Jour le plus long, vieillissants argentiers de Hollywood, rongés par la jalousie et l’angoisse. Ils se battent pour rester dans le coup et… garder leurs belles femmes. Le très beau cahier de photos – celle incroyable d’Elisabeth Taylor assise sur les genoux de son mari Eddie Fisher sous le regard de son futur amant Richard Burton, génial interprète de Marc-Antoine – et des extraits inédits du journal de Mankiewicz que sa fille Alex (qui a écrit la préface) a confié à l’auteur enrichissent une œuvre passionnante.  « Vu M Burton qui n’est pas rentré chez lui depuis deux nuits. Bavard et soûl », note le cinéaste le 28 janvier 1962. Tout est dit.

Entre eux 

  • Richard Ford
  • L’Olivier
  • 183 pages, 19,50 €.  Traduit de l’anglais par Josée Kamoun
  • Road movie de l’intime 

Rien n’est plus ardu que d’intéresser le lecteur aux vies ordinaires. Le romancier français Emmanuel Bove faisait ça très bien. L’Américain Richard Ford, l’auteur du flamboyant Canada, y démontre son talent dans ce petit ouvrage étonnant, Entre eux, où il raconte sa jeunesse passée entre ses parents, originaires de l’Arkansas et survivants de la Dépression. La première partie consacrée à son père, disparu en 1960 à 56 ans, est la plus bouleversante. Il raconte l’homme simple et naïf, représentant de commerce, souvent absent, distant et tendre, qui n’a jamais dépassé une limitation de vitesse et aura passé sa vie, le cœur fragile, à fréquenter les « cafétérias mal éclairées », les « chambres d’hôtels étriquées » d’une Amérique morne plaine. La deuxième partie s’intéresse à sa mère Edna, femme un peu plus rêveuse mais éperdue d’amour pour son mari, perturbée par quelques amours éphémères, ni heureuse ni malheureuse. Tout est délicat et tendre dans cette évocation familiale, où une certaine poésie affleure constamment entre la pudeur, les non-dits, un mélange de regrets et de fatalité. Un road-movie de l’intime. Et un très joli livre.

Les Douze balles dans la peau de Samuel Hawley

  • Hannah Tinti Gallimard 441 pages, 23 €.
  • Traduit de l’anglais par Mona de Pracontal
  • Une nouvelle grande voix de la littérature américaine

Au cours de sa vie violente et aventureuse, Samuel Hawley porte les traces de douze balles, perdues ou reçues au cours de braquages. Hannah Tinti a découpé les chapitres en fonction de ces projectiles, “Balle numéro un”, “Balle numéro deux”… rappelant chaque fois un épisode de l’existence tourmentée de son héros nomade, un marginal, dingue des armes à feu qui emmène sa fille Loo sur la route. Née en 1972, Hannah Tinti a déjà publié un premier roman, Le Bon Larron (2008), mais avec ce puissant texte, elle entre dans la grande littérature américaine. Son récit épique cavale sur le fil du rasoir, nous faisant voyager à travers une Amérique sauvage où seul prime l’instinct de survie. « Le monde est pourri. Tu dois trouver le moyen d’être pourrie si tu veux vivre », dit Samuel Hawley à sa fille souvent humiliée par les garçons, les autorités, ses rares employeurs… Tirées avec ce style romanesque américain que l’on aime beaucoup – phrases tendues, sèches, sans affect – ces douze balles ne ratent jamais leur cible.

Mets le feu et tire-toi

  • James McBride
  • Gallmeister
  • 318 pages, 22,80 €.
  • Traduit de l’américain par François Happe
  • James Brown sentimental 

Deux adolescents habillés à la mode hip hop – le pantalon descendant au milieu des fesses et la casquette de travers – voient James Brown dans un parking d’Augusta (Georgie) et lui disent : « M’sieur Brown, faudrait qu’on nous donne notre chance, on trouve pas de boulot par ici ». James les regarde et lance : « Remontez votre pantalon à l’endroit où il doit être, retournez votre casquette et mettez-la dans le sens de la marche, et ça ira mieux. » C’est l’une des facettes humaines de James Brown que livre James McBride dans ce formidable récit. L’auteur, connu pour son roman L’Oiseau du Bon Dieu (National Book Award 2013), s’intéresse au lien que le Parrain de la soul entretenait avec son peuple et les enfants à qui il répétait : « N’arrêtez pas l’école ! » Ce fut le grand combat de sa vie. Si James McBride reconnaît, dans un aveu très étonnant, avoir accepté d’écrire ce livre parce qu’il avait besoin d’argent (son éditeur voulait un auteur noir), il y a mis tout son cœur pour donner une autre image de l’idole, plus nuancée, démontant les clichés colportés par les médias. Il nous offre plus qu’une biographie musicale (où la musique tient un rôle secondaire, mais ce n’est pas vraiment ce que l’on cherche ici), un récit littéraire et sentimental. McBride nous livre une part de l’histoire tragique des États-Unis, rappelant que le grand oncle de James Brown, Cutter, fut attaché par des Blancs sur des rails de chemin de fer. Il avait été accusé de suivre une femme blanche dans la rue. Une histoire bouleversante.

Jours barbares

  • William Finnegan Editions du Sous-sol 520 pages, 23,50 €
  • Traduit de l’anglais par Frank Reichert
  • Formidable récit d’aventures

L’immense atelier romanesque des États-Unis nous envoie régulièrement un livre unique, exceptionnel. Ces Jours barbares ne sont pas à proprement parler un roman, même si nous le lisons comme tel. William Finnegan, fils d’un producteur de télévision (Hawaï Police d’État) raconte sa vie tumultueuse, au rythme des vagues de l’océan et de son amour du surf. Il y sacrifiera emploi, vie normale, amours, au cœur de ces romantiques années 1960. Le récit épique se déroule à vive allure, de Hawaï à la Californie, avec un héros en quête de la vague parfaite, amoureux de la littérature, dont la petite amie lit Proust en français, amoureux aussi de la musique des Doors et de Jimi Hendrix, et qui prend sa planche en chantant “Gloria”, cette « élégie à la jeunesse perdue ». Son parcours le mène de l’Afrique à l’Asie jusqu’à l’île de Jardim, près de Madère où il croise des « femmes à barbe mentalement dérangées et marchant pieds nus ». Peu importe que l’on s’intéresse ou non au surf, Finnegan écrit ici un véritable roman d’aventure, riche en portraits pittoresques, à la fois réaliste et poétique (quand il décrit cette eau invisible et son impression de flotter sur un « coussin de néant »). Tout au long de ces années, le passionné Finnegan vieillira sans jamais renoncer à son amour de la liberté et à sa beauté sauvage. « Terreur et extase rodent toutes deux ensemble, menaçant de submerger le rêveur », écrit-il. Le lecteur, lui, est dans l’extase !

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